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Reconnaissez-vous le burnout quand vous le voyez ?

Photo du rédacteur: Stéphanie ChampendalStéphanie Champendal

Basé sur l'article « Do You Know Burnout When You See It? » de Margaret M. Luciano et Joan F. Brett, publié dans le Harvard Business Review le 28 janvier 2021.


Le burnout, un état d'épuisement émotionnel, physique et mental causé par un stress prolongé, est un défi croissant dans les milieux professionnels, exacerbé par la pandémie de COVID-19. Il entraîne des coûts personnels et organisationnels significatifs, notamment une baisse de productivité et une augmentation du turnover. Cependant, de nombreux dirigeants peinent à identifier correctement le burnout, s'appuyant sur des outils inefficaces comme les enquêtes annuelles sur le bien-être. Cet article propose un cadre nuancé pour reconnaître les signes de burnout et des stratégies concrètes pour atténuer ses impacts.


Les formes et symptômes du burnout

Le burnout se manifeste sous des formes passives et actives, tant internes (moins visibles) qu’externes (plus observables) :

  1. Burnout passif :

    • Interne passif : Souvent difficile à détecter, cette forme se traduit par un sentiment d’inadéquation, de désespoir et de désengagement. Les employés peuvent sembler abattus, utiliser un langage défaitiste comme « À quoi bon ? » et montrer un manque d'énergie ou de tristesse. Ces émotions réduisent considérablement la productivité, les employés considérant les échecs comme des défauts personnels.

    • Externe passif : Les comportements observables incluent une baisse de performance, des échéances manquées, un cynisme accru et un retrait des interactions d'équipe. Si ces schémas ne sont pas traités, ils peuvent conduire à un désengagement total des responsabilités professionnelles.

  2. Burnout actif :

    • Interne actif : Associé à des mécanismes d’adaptation négatifs comme une mauvaise alimentation, la consommation de substances ou la négligence de l’exercice physique, ce type de burnout peut entraîner des problèmes de santé mentale et physique. Ces symptômes se traduisent souvent par de l'absentéisme ou une présence réduite au travail.

    • Externe actif : Plus perturbateur, ce type de burnout se manifeste par de l'irritabilité, de l'impatience et des éclats émotionnels. Ces comportements, sur le long terme, peuvent nuire au moral de l'équipe et détériorer les relations de travail.


Les limites des outils traditionnels

Les outils traditionnels comme les enquêtes annuelles sur le bien-être ne capturent pas efficacement le burnout. Ces méthodes passent souvent à côté des signes de burnout actif, offrent une vision limitée dans le temps et excluent les employés trop épuisés pour y répondre. Cela crée des angles morts pour les dirigeants, laissant des indicateurs critiques non détectés.


Stratégies pour gérer le burnout

Les auteurs recommandent plusieurs étapes pour identifier, gérer et prévenir efficacement le burnout :

  1. Reconnaître les symptômes précoces : Le burnout évolue souvent des formes passives aux formes actives. Les dirigeants doivent être attentifs aux changements subtils de comportement, de ton ou d'engagement. Des échanges réguliers sur les facteurs de stress actuels des employés peuvent révéler des signaux d'alerte précoces.

  2. Prendre du recul et réfléchir : Lorsqu’un burnout est suspecté, les dirigeants devraient évaluer leur propre contribution au problème, comme des attentes irréalistes ou une attitude négligente. Des conversations ouvertes avec les employés sur leurs défis peuvent aider à identifier les causes profondes et à élaborer des solutions.

  3. Encourager une prise de recul : Aider les employés à prioriser leurs tâches, à reformuler les problèmes et à refuser des demandes non essentielles leur redonne un sentiment de contrôle, un facteur crucial pour combattre le burnout.

  4. Offrir un soutien personnalisé : Les solutions au burnout ne sont pas universelles. Les dirigeants doivent collaborer avec leurs employés pour traiter les sources de stress individuelles. Cela peut inclure une redistribution des tâches, des horaires flexibles ou un soutien émotionnel sincère. Évitez les gestes superficiels comme « Prenez un week-end de repos » s’ils semblent insuffisants ou insincères.

  5. Réduire la culture de l’urgence : De nombreuses entreprises fonctionnent dans une atmosphère d’urgence constante, qui alimente le burnout. Les dirigeants doivent évaluer si les échéances peuvent être prolongées ou si certaines tâches peuvent être reportées. Une répartition plus équilibrée des charges de travail réduit le stress inutile.


Le rôle des dirigeants dans la gestion du burnout

Les dirigeants jouent un rôle central dans l’identification et la gestion du burnout. Leur comportement influence fortement la culture organisationnelle, déterminant comment le stress est traité. Approches clés :

  • Créer un environnement de soutien : Des initiatives comme les congés sabbatiques, des politiques flexibles et des programmes de bien-être montrent un engagement envers le bien-être des employés.

  • Donner l’exemple : Les dirigeants qui adoptent des habitudes de travail saines, comme prendre des pauses régulières et maintenir un équilibre travail-vie personnelle, incitent leurs équipes à faire de même.

  • Equilibrer performance et récupération : Les dirigeants efficaces savent quand exiger des résultats et quand permettre aux employés de se rétablir, préservant ainsi la productivité et le moral à long terme.


Les coûts d’une gestion négligée du burnout

Ignorer le burnout entraîne des conséquences importantes, notamment l’absentéisme, un turnover élevé et une satisfaction réduite des employés. Outre les pertes financières, un burnout non maîtrisé érode la confiance, diminue la collaboration et fragilise les dynamiques d’équipe. Traiter le burnout de manière proactive n’est pas seulement une responsabilité morale, mais aussi une priorité stratégique pour le succès organisationnel.


Construire un lieu de travail résilient

Les auteurs insistent sur le fait que la lutte contre le burnout nécessite des interventions systémiques et un leadership réfléchi. Les organisations devraient :

  1. Développer des systèmes pour surveiller et détecter les signes précoces du burnout, en reconnaissant son évolution des formes passives aux formes actives.

  2. Favoriser des politiques qui encouragent la flexibilité, l’autonomie et l’équilibre, réduisant le stress inutile.

  3. Soutenir les dirigeants dans la création d’une culture d’empathie et de résilience, garantissant que les employés se sentent valorisés et compris.


Conclusion

Le burnout est un défi omniprésent dans les milieux professionnels modernes, mais avec les bonnes stratégies, il peut être efficacement géré. Les dirigeants doivent prioriser la détection précoce, offrir un soutien significatif et créer des environnements équilibrant productivité et bien-être. Traiter le burnout améliore non seulement la satisfaction des employés, mais renforce également la cohésion des équipes et la performance organisationnelle. Reconnaître et gérer le burnout est une étape essentielle pour construire des lieux de travail résilients et performants.

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